Espagne: Le Premier ministre demande la création d’une commission d’experts sur la pédocriminalité dans l’Eglise catholique
Le Parti socialiste du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a demandé lundi au Parlement la création d’une commission d’experts en vue d’enquêter sur la pédocriminalité dans l’Église catholique espagnole, alors que celle-ci a exclu de lancer une enquête générale sur ce thème.
Jusqu’à maintenant, les violences sexuelles commises sur des mineurs par des religieux catholiques n’ont fait l’objet d’aucune enquête officielle d’ampleur en Espagne, ni de l’Église, ni de l’Etat, à la différence d’autres pays comme les Etats-unis, la France, l’Allemagne, l’Irlande ou l’Australie.
Faute de données officielles, le quotidien El País a lancé sa propre enquête en 2018, recensant 1.246 victimes depuis les années 1930. De son côté, l’Église a seulement reconnu 220 cas depuis 2001.
Lundi, le Premier ministre Pedro Sánchez a demandé au Parlement qu’une commission d’experts soit créée pour enquêter sur les abus sexuels perpétrés sur des mineurs dans l’Eglise catholique espagnole.
Une commission qui serait formée « d’experts, de représentants d’associations de victimes, du clergé, de l’administration publique », a expliqué devant la presse le président du groupe socialiste à la chambre des députés, Héctor Gómez.
Nous voulons « nous attaquer de la manière la plus rigoureuse, mais aussi de la manière la plus empathique et la plus juste possible à un sujet que notre pays ne peut plus ignorer », a dit pour sa part Carmen Calvo, ancienne numéro deux du gouvernement de gauche.
Le gouvernement se mettra en contact « avec l’Eglise catholique pour lui demander de coopérer » avec la commission, « alors que dans d’autres pays, comme en France, c’est l’Eglise catholique qui a pris l’initiative », a ajouté Carmen Calvo.
La création de cette commission d’experts devra être votée par la Chambre des députés, qui a déjà accepté d’examiner une demande d’enquête parlementaire sur le sujet formulée par le parti de gauche radicale Podemos, partenaire des socialistes au sein de la coalition gouvernementale, et par deux partis indépendantistes de gauche, les Catalans d’ERC et les Basques d’EH Bildu.
Héctor Gómez a affiché lundi sa confiance en la capacité des socialistes à convaincre Podemos d’appuyer la création d’une commission d’experts plutôt que d’une enquête parlementaire.
La semaine dernière, Pedro Sánchez avait affiché un soutien public inhabituel à une victime de violences sexuelles dans l’Église, l’écrivain catalan Alejandro Palomas, qui a dénoncé avoir été abusé sexuellement par un religieux à l’âge de huit ans dans une école catholique au milieu des années 1970.
La rédaction (avec l’AFP)
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